
KOF Prévisions pour le tourisme : les marchés lointains boostent la saison estivale
Après un record absolu pour la saison hivernale 2024/25, l'été devrait également connaître une légère hausse. Dans ses prévisions actuelles pour le tourisme suisse, le KOF s'attend à une augmentation des nuitées de 0,7% pour un total de 21 millions de nuitées. Ce sont notamment les hôtes des marchés lointains qui contribuent à cette évolution. Le niveau élevé des nuitées devrait être maintenu lors de la prochaine saison hivernale et pourrait même légèrement augmenter (+0,5%).
Vue d'ensemble : Le tourisme suisse démarre la saison estivale 2025 sur les chapeaux de roue. Après le nouveau record hivernal de 18,5 millions de nuitées (+2,6 % par rapport à l'année précédente), les prévisions du KOF de l'automne 2024 restent presque inchangées et ne sont que légèrement revues à la hausse. Les voyageurs en provenance de pays lointains en sont la principale raison. Les nuitées de ces voyageurs continuent d'augmenter, tandis que les hôtes suisses maintiennent un niveau historiquement élevé.
Malgré un franc fort, une croissance économique mondiale modérée et des tensions géopolitiques, la situation montre bien que ces facteurs ne freinent que de manière limitée la demande pour la Suisse, dont les prix sont élevés. Il est possible qu’un risque de ralentissement dû aux touristes américains se fasse sentir au cours du deuxième semestre 2025. Dans l'ensemble, la tendance positive prédomine néanmoins. Le KOF s'attend donc à une augmentation solide du nombre d'hôtes en été 2025 et à un nombre de nuitées à nouveau élevé en hiver 2025/26.
Rétrospective de la saison d'hiver 2024/25 : Avec 18,5 millions de nuitées, la saison d'hiver 2024/25 a atteint un record absolu. La concentration sur les mois principaux est frappante : février est désormais le mois le plus fort, tandis que mars a légèrement reculé. Cette tendance se dessine de manière continue depuis déjà 2021.
Hôtes suisses : Les nuitées des Suisses stagnent, mais le volume reste nettement supérieur à la moyenne d'avant Covid. Elles continuent ainsi de constituer une base fiable. La part des nuitées des hôtes indigènes s'élève à près de 50% du total des nuitées.
Hôtes européens : Une situation hétérogène, mais globalement bonne. Les touristes français ont passé en novembre un peu plus de 15 % de nuitées en plus que l'année précédente, les nuitées des touristes britanniques ont légèrement augmenté, celles des touristes allemands sont en revanche en léger recul et suivent la tendance à long terme. Au total, on constate une augmentation d'environ 2 % par rapport à l'hiver précédent.
Les voyageurs longue distance : Il s'agit là d'un fort moteur de croissance. Les touristes en provenance des États-Unis ont augmenté leurs nuitées de près de 14 % en mars et se situent désormais à 150 % du niveau de 2019. Le nombre de nuitées des visiteurs en provenance du Brésil, d'Inde et d'Australie a connu une croissance à deux chiffres. Les nuitées des touristes chinois ont, comme prévu, légèrement augmenté (2 %), mais restent clairement en dessous du niveau d'avant la crise.
Perspectives macroéconomiques : L'environnement économique mondial en 2025 devrait être plus faible que prévu il y a peu. Les conflits commerciaux, les coûts de financement plus élevés et la faible propension à investir freinent la croissance mondiale. En parallèle, le dernier baromètre du tourisme de l'ONU signale une envie de voyager toujours autant prononcée. Ainsi, le découplage du secteur du tourisme par rapport aux autres secteurs de consommation, observé depuis la pandémie, se poursuit.
Cette résilience se manifeste différemment selon les régions : les États-Unis, forts consommateurs et tolérants en matière de prix, soutiennent le tourisme haut de gamme. La Chine ne se remet que lentement en raison de problèmes structurels. L'Europe stagne. Le taux de change élevé freine les voyages à court terme depuis les régions frontalières, mais n'affecte guère les voyageurs longue distance. Ainsi, les marchés d'outre-mer devraient rester stables en 2025.
Prévisions pour la saison d'été 2025 : Le KOF révise légèrement à la hausse ses prévisions pour les nuitées d'été. D'une part, les attentes en matière de consommation touristique ont augmenté sur les marchés lointains et, d'autre part, la dynamique des réservations, notamment en provenance d'Amérique du Nord et d'Asie, s'est nettement renforcée. Le KOF table désormais sur une augmentation de 0,7%, soit environ 21 millions de nuitées.
Hôtes nationaux : Le nombre de nuitées des hôtes nationaux reste à un niveau élevé, comparable à celui de l'été 2024, mais affiche un léger recul d'environ 0,6%. Ce recul ne doit pas être interprété de manière négative, car les valeurs extrêmement élevées de 12,6 millions de nuitées en 2021 se stabilisent depuis lors à un niveau normal, mais toujours élevé. On s'attend à ce que le nombre de nuitées se stabilise à ce niveau élevé pour l’été suivant, soutenu par la croissance démographique.
Hôtes européens : Pour l'été 2025, le KOF prévoit une quasi-stagnation des touristes européens (-0,7%). La lente tendance négative se poursuit donc. Les touristes en provenance de France devraient maintenir leur niveau record, ceux en provenance d'Allemagne devraient légèrement reculer, tandis que les touristes en provenance du Royaume-Uni et d'Europe du Nord devraient afficher une tendance neutre à légèrement positive. Malgré un léger recul, l'Allemagne reste le principal marché touristique.
Les clients allemands sont plus sensibles à la hausse des prix que les clients français. Cela s'explique par le fait que la composition des groupes est différente. En Allemagne, les visiteurs sont globalement beaucoup plus nombreux et proviennent de groupes de revenus très hétérogènes. En revanche, les visiteurs français en Suisse représentent généralement un segment plus homogène et plus aisé. C'est pourquoi ce sont justement ces vacanciers allemands, aux revenus plus modestes, qui réagissent plus fortement à la hausse des coûts.
Les voyageurs lointains : Les nuitées en provenance d'Amérique du Nord devraient continuer à bien progresser. Le nombre de nuitées en provenance d'autres régions lointaines, comme par exemple l'Inde, le Brésil et les pays du Golfe, affiche également des tendances positives. Les visiteurs en provenance de Chine contribuent à cette tendance avec une légère augmentation, mais restent nettement en dessous de la valeur d'avant la crise. Dans l'ensemble, les marchés lointains compensent le mouvement latéral de l'Europe et fournissent la principale contribution à la croissance de la saison d'été.
Prévisions pour l'hiver 2025/26 : Le KOF prévoit environ 18,6 millions de nuitées pour la saison d'hiver 2025/26, ce qui correspond à une augmentation de près de 0,5% par rapport à l'année précédente. Le niveau reste donc historiquement élevé.

Hôtes nationaux : Le nombre de nuitées reste stable à près de 9 millions. Des revenus élevés, des trajets courts et une plus grande flexibilité grâce au télétravail soutiennent la demande.
Visiteurs en provenance d'Europe : Le KOF s'attend à une quasi-stagnation (-0,2 %). La force du franc et les risques météorologiques pèsent en particulier sur le comportement des touristes allemands. Le nombre de nuitées des hôtes de France et du Royaume-Uni reste inchangé et positif.
Voyageurs longue distance : Les nuitées des voyageurs en provenance d'Amérique du Nord se maintiennent à un niveau record. Les touristes chinois apportent une petite contribution. Un risque potentiel à la baisse serait un ralentissement des dépenses américaines - ce qui n'est actuellement pas supposé dans les prévisions de base.
Regard spécial - Le tourisme américain en Suisse
En 2024, le nombre de nuitées de visiteurs nord-américains en Suisse a atteint un record de 3,8 millions de personnes. En parallèle, les visites de Suisses aux États-Unis sont encore nettement inférieures au niveau d'avant la crise. Cette évolution asymétrique est frappante, en particulier dans le contexte de la situation économique américaine actuelle. Malgré les tensions commerciales, les pertes de pouvoir d'achat dues à l'inflation et les prévisions conjoncturelles prudentes, l'envie de voyager de la population américaine pour la Suisse reste intacte. En revanche, les États-Unis sont quant à eux moins populaires en tant que destination de voyage pour les Suisses alors que la faiblesse persistante du dollar américain, associée à l'augmentation des coûts de voyage, devrait renforcer l'attrait des États-Unis en tant que destination de voyage pour les Suisses.

Cette évolution contrastée est illustrée par le graphique ci-dessus, qui compare les arrivées de Suisses aux États-Unis et les départs d'Américains vers la Suisse. Les données ont été normalisées sur la base de l'année 2019 (100%). Depuis le début de l'année 2022, des différences notables apparaissent. Alors que les visiteurs suisses aux États-Unis restent en dessous du niveau d'avant la crise, le nombre de touristes américains en Suisse atteint des chiffres record. Avant la pandémie, les capacités de vol étaient 40% plus élevées qu'aujourd'hui. Avec une part de plus de 20% de toutes les nuitées étrangères, le marché américain a aujourd'hui une importance plus grande que jamais - et devient de plus en plus stratégique pour le tourisme suisse.
Pourquoi tant de touristes américains continuent-ils à se rendre en Suisse malgré un taux de change défavorable ? Des causes structurelles peuvent expliquer ce phénomène:
- Pouvoir d'achat robuste : Les dépenses de consommation réelles aux États-Unis ont de nouveau augmenté de 0,7% en mars 2025. La U.S. Travel Association prévoit une augmentation de près de 4% des dépenses de voyage pour l'ensemble de l'année. Cette évolution positive alimente un intérêt constant pour la destination haut de gamme qu'est la Suisse.
- Le risque de change est amorti : Le dollar américain cotait déjà à l'automne 2024 à seulement 0,83 CHF et est tombé temporairement à 0,86 CHF en avril 2025. Malgré cela, la Suisse a enregistré des nuitées record de touristes américains en 2024 et commence l'année 2025 avec une croissance à deux chiffres. De nombreux forfaits suisses sont calculés en dollars et les compagnies aériennes ainsi que les organisateurs lissent les pertes de change sur leurs marges. Pour les hôtes, le supplément de prix reste donc moins élevé que ne le laisse supposer une simple comparaison des taux de change.
- Augmentation du nombre de sièges : Selon l'Official Airline Guide, la capacité des vols transatlantiques continuera d'augmenter jusqu'en 2025. Les liaisons directes entre Zurich et New York peuvent parfois être réservées à partir de 500 CHF en été et ne sont donc que légèrement plus chères que les voyages aériens européens.
- Des prix attractifs pour les sports d'hiver : Dans les Alpes, des centaines d'entreprises de remontées mécaniques se font concurrence pour attirer la clientèle, si bien que les forfaits journaliers restent souvent en dessous de la barre psychologique cruciale des 100 CHF, même dans les destinations réputées. Aux États-Unis, en revanche, les stations de pointe sont nettement plus onéreuses les jours fériés. Les stations de ski étant éloignées les unes des autres, celles-ci opèrent un plus grand monopole sur les prix.
Les risques restent gérables, mais existent
L'indice de confiance des consommateurs aux États-Unis est tombé à 86 points en avril (son niveau le plus bas depuis 2011) et pourrait entraîner des baisses de réservations vers l'automne. Une nouvelle glissade du dollar en dessous de 0,80 CHF pourrait en outre aggraver sensiblement la perception des prix. Tant que les revenus et les capacités augmentent, le marché américain reste le principal vecteur de croissance sur les longues distances.
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