Solide évolution du marché du travail suisse

L'emploi continue de croître, tandis que le chômage augmente légèrement. Le KOF estime en outre que la phase de baisse des salaires réels touche à sa fin cette année.

Le marché suisse du travail ressent la faiblesse actuelle de la conjoncture tant concernant des débouchés européens d’importance que par l'absence d'impulsions conjoncturelles en provenance de Suisse. Selon les nouvelles prévisions du KOF, la croissance de l'emploi et du nombre de personnes actives en Suisse sera légèrement inférieure à la moyenne au troisième et au quatrième trimestre 2024.

La création d'emplois devrait à nouveau légèrement s'accélérer à partir de l'année prochaine, en accord avec une évolution conjoncturelle un peu plus favorable. Le KOF table dans l’ensemble pour l'année prochaine sur une solide croissance de l'emploi de 1% (0,9% en équivalents plein temps) - valeur légèrement inférieure à la moyenne à long terme, mais nettement inférieure à la croissance de 1,4% enregistrée cette année.

Une croissance de la population active de 1,3% est attendue en 2025, tandis que la création d'emplois devrait se poursuivre à un rythme similaire en 2026. Le KOF table sur une croissance de l’emploi de 1,1% en 2026 (cf. graphique G 6).

Enlarged view: G 6 : Actifs et employés (Données corrigées des variations saisonnières, en milliers)
G 6 : Actifs et employés (Données corrigées des variations saisonnières, en milliers)

Le chômage augmente légèrement au cours de la période de prévision

Les modèles de prévision du KOF indiquent par ailleurs que la hausse du chômage observée récemment se poursuivra dans une moindre mesure au cours des prochains trimestres. Les taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) et le taux de chômeurs inscrits au sens du SECO atteindront d'ici la fin de l'horizon des prévisions, leurs valeurs moyennes à plus long terme.

Dans l'ensemble, le taux de chômage au sens du BIT passe de 4,3% cette année à 4,7% en 2026. Le taux de chômeurs inscrits augmente à un niveau plus bas, passant de 2,4% cette année à 2,8% en 2026. Pour l'année prochaine, le KOF s'attend à un taux de chômage légèrement plus élevé qu’auparavant (cf. graphique G 7). Le KOF estime également que la croissance de la population active et de l'emploi au cours des prochains trimestres sera légèrement plus faible que dans ses prévisions d'été.

Enlarged view: G 7 : Indicateurs avancés du marché du travail (Standardisé, moyenne = 0 et écart-type = 1)
G 7 : Indicateurs avancés du marché du travail (Standardisé, moyenne = 0 et écart-type = 1)

Ralentissement de la création d'emplois au deuxième trimestre 2024

Les chiffres actuels du marché du travail montrent que la phase de consolidation attendue a commencé au printemps 2024, après deux années de forte croissance. La croissance de l'emploi a ralenti au deuxième trimestre 2024 – seuls 8 000 postes supplémentaires ont été créés en données corrigées des variations saisonnières. En 2022 et 2023 a contrario, 26 000 postes en moyenne ont été créés, chaque trimestre.

Le nombre de personnes actives n'a lui aussi que légèrement augmenté (10 000). Des contributions importantes à la croissance de l'emploi sont venues des secteurs des arts, du divertissement, des transports, de l'entreposage, de la santé et de l'action sociale, tandis que le secteur de l'intérim a enregistré un net recul de l'emploi.

Accélération de la hausse du chômage

Les chiffres du chômage publiés par le SECO témoignent d'un ralentissement de la dynamique sur le marché du travail. Entre début avril et fin août, le nombre de chômeurs inscrits, corrigé des variations saisonnières, a augmenté d'environ 2 200 personnes par mois. La hausse du chômage s'est ainsi accélérée par rapport aux mois précédents (cf. graphique G 8).

Enlarged view: G 8 : Chômeurs et demandeurs d'emploi (Données corrigées des variations saisonnières, en milliers)
G 8 : Chômeurs et demandeurs d'emploi (Données corrigées des variations saisonnières, en milliers)

La hausse a été relativement généralisée, elle a concerné les chômeurs des deux sexes et de tous les groupes d'âge et de formation. La croissance du chômage enregistré a été particulièrement forte chez les chômeurs ayant un diplôme de l'enseignement supérieur.

Les chômeurs ne correspondent-ils pas aux postes vacants ?

La récente accélération de la hausse du chômage, malgré une solide croissance de l'emploi, s’explique par la composition sectorielle de la croissance de l'emploi. Les branches dans lesquelles le chômage est plus élevé que la moyenne ont enregistré une faible croissance de l'emploi - par exemple la branche du travail temporaire, l'industrie, l'hôtellerie et la construction. Le nombre d'emplois a diminué au deuxième trimestre 2024 dans l'ensemble de l'économie si l'on pondère la croissance de l'emploi de certaines branches par la part à long terme d'une branche dans le chômage enregistré (cf. graphique G 9).

Enlarged view: G 9 : Évolution de l'emploi (Indexé (2023T1 = 100), désaisonnalisé)
G 9 : Évolution de l'emploi (Indexé (2023T1 = 100), désaisonnalisé)

En outre, il est possible que la hausse du chômage soit en partie due à une augmentation temporaire de l'inadéquation entre les compétences des chômeurs et la demande actuelle de travail.

Le chômage a également augmenté de manière significative dans certains secteurs, lesquels ont enregistré sur la même période une solide croissance de l'emploi, comme l'industrie pharmaceutique, la fabrication d'équipements informatiques et de montres ou les fournisseurs de services informatiques. Cela indique que les personnes qui ont perdu leur emploi n'ont pas pu être facilement réaffectées dans les secteurs où il y a eu une augmentation de postes.

Les indicateurs suggèrent que le marché du travail est solide

Malgré la hausse du chômage, certains indicateurs importants pour le marché du travail continuent toutefois de monter que la situation sur le marché du travail est solide. La pénurie de main-d'œuvre calculée par le KOF se situe toujours à un niveau comparativement élevé dans presque toutes les branches (voir graphique G 10). Il en va de même pour le nombre de postes vacants selon différents indices du marché de l'emploi ou l'indicateur de l'emploi du KOF, qui reflète les jugements et les attentes en matière d'emploi de quelque 4 500 entreprises suisses.

Enlarged view: G 10 : Entrave à la production (Part en % selon les enquêtes conjoncturelles, corrigée des variations saisonnières)
G 10 : Entrave à la production (Part en % selon les enquêtes conjoncturelles, corrigée des variations saisonnières)

Ces indicateurs ont récemment stagné ou légèrement évolué à la baisse, mais restent supérieurs à leurs valeurs moyennes à plus long terme. En accord avec nos prévisions en matière d'emploi, ces indicateurs indiquent donc que la normalisation actuelle sur le marché suisse de l'emploi se fera avec un atterrissage en douceur (cf. graphique G 11).

Enlarged view: G 11 : Indicateurs avancés du marché du travail (Standardisé, moyenne = 0 et écart-type = 1)
G 11 : Indicateurs avancés du marché du travail (Standardisé, moyenne = 0 et écart-type = 1)

Les salaires réels augmentent au cours de la période de prévision

L'une des particularités de l'évolution du marché du travail au cours des deux dernières années a été le fait que les salaires ont reculé en termes réels malgré une pénurie de main-d'œuvre historiquement marquée. Dans les présentes prévisions, le KOF part du principe, comme dans les dernières prévisions, que la phase de baisse des salaires réels touche à sa fin cette année (cf. graphique G 12).

Enlarged view: G 12 : Croissance des salaires nominaux et réels (Variation en % par rapport à l'année)
G12: Croissance des salaires nominaux et réels (Variation en % par rapport à l'année)

Dans ce contexte, les prévisions du KOF concernant la croissance des salaires réels sont pratiquement inchangées par rapport à la dernière prévision, bien que l'inflation ait récemment diminué de manière surprenante. Cela s'explique par le fait que les nouvelles données disponibles pour 2024 et 2025 laissent présager une croissance des salaires nominaux légèrement inférieure à celle publiée par le KOF dans ses prévisions d’été. Malgré une inflation plus faible, les salaires réels ne devraient donc pas augmenter plus que prévu cette année et l'année prochaine.

Les entreprises prévoient une hausse des salaires de 1,6% l'année prochaine

Le KOF prévoit pour 2025 une croissance des salaires nominaux selon l'indice suisse des salaires (SLI) de 1,4%, ce qui, après déduction du renchérissement, suffit à assurer une croissance des salaires réels de 0,7%. Les salaires moyens réels - la rémunération des salariés selon les comptes nationaux par salarié équivalent temps plein - augmentent de 1% en termes réels selon les prévisions 2025. Les prévisions salariales recueillies par le KOF en juillet dans le cadre des enquêtes conjoncturelles du KOF constituent une valeur de comparaison importante pour ces modèles de prévisions. Toutes branches confondues, les entreprises s'attendaient à une croissance des salaires de 1,6% au cours des douze prochains mois.

Les salaires du SLI augmenteront de 1,5% en 2024 selon les prévisions

Pour l'année en cours, le KOF prévoit une croissance des salaires de 1,5% selon le SLI et de 2% selon le concept de salaire moyen des comptes nationaux, ce qui devrait également suffire pour une augmentation des salaires réels après déduction du renchérissement attendu de 1,2%.

Vous trouverez ici l'intégralité des prévisions conjoncturelles actuelles du KOF (pdf en allemand):
https://ethz.ch/content/dam/ethz/special-interest/dual/kof-dam/documents/Medienmitteilungen/Prognosen/2024/KOF_Vierteljahresanalyse_2024_3.pdf

Contact

Dr. Michael Siegenthaler
Lecturer at the Department of Management, Technology, and Economics
  • LEE G 301
  • +41 44 633 93 67

KOF Konjunkturforschungsstelle
Leonhardstrasse 21
8092 Zürich
Switzerland

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