KOF Prévisions conjoncturelles d’été: lente remontée des prix, perspectives réservées

Cette année, l’économie suisse affiche une croissance relativement modérée (1%), qui s’explique encore par l’incidence d’un franc fort et la faiblesse de la conjoncture mondiale. En 2017, celle-ci devrait faire en sorte que le PIB suisse progresse de 1,9%. Le chômage, qui suit en général la conjoncture, s’élèvera l’an prochain à 3,6%. Les prix ont franchi le creux de la vague et remontent lentement dans le positif.

Conjoncture internationale

La dynamique conjoncturelle mondiale s’est encore avérée languissante et hétérogène au premier trimestre 2016. Dans l’Union européenne, la production a connu une expansion plus forte que les trimestres précédents, grâce au soutien d’une demande intérieure robuste. En Inde également, la dynamique de croissance a notablement progressé. Aux États-Unis, en revanche, la faiblesse du commerce extérieur et la résorption de stocks volumineux ont maintenu l’apathie conjoncturelle. En Chine, le ralentissement de la croissance a persisté par suite de la mutation structurelle vers une croissance stimulée par la consommation et basée sur les services. Aussi bien le Brésil que la Russie font toujours face à une récession persistante, qui s’explique principalement, dans les deux pays, par des facteurs internes tels que l’incertitude politique et une faible diversification économique.

Une large dynamique conjoncturelle dans les économies développées ainsi qu’un redressement progressif dans les pays émergents devraient à nouveau favoriser le renforcement de la dynamique conjoncturelle mondiale au cours de l’année prochaine. Premiers indices : la hausse du prix du pétrole à 50 dollars et le renchérissement des denrées agricoles et des métaux industriels.

Conjoncture suisse

L’économie suisse a connu, au cours des dernières semaines, une évolution largement conforme aux prévisions établies par le KOF en mars. Certes, la conjoncture européenne a bénéficié d’une évolution légèrement meilleure que prévu en début d’année, mais qui ne s’est pas encore fait sentir dans les données relatives à la production publiées en Suisse jusqu’à présent. Concernant la suite de la période de prévision, les perspectives de développement économique se sont quelque peu détériorées au sein de l’UE. Il en résulte que l’évolution s’avérera aussi légèrement plus faible, l’an prochain, en Suisse, qu’on ne le prévoyait en mars (croissance du PIB : 1,9% au lieu de 2%). Pour ce qui est de l’année en cours, le KOF continue de prévoir une hausse de 1% de la performance économique.

Les secteurs d’activité à vocation exportatrice demeurent sous pression dans leur souci d’harmoniser les coûts de production avec les prix du marché. Certaines branches comme la pharmacie et les technologies médicales disposent à cet égard d’une plus grande marge de manœuvre dans la fixation des prix et sont donc moins concernées. Les exportations croîtront cette année globalement de 3,5% et, l’an prochain, de 2,7%. Cependant, les importations enregistrant en même temps une plus forte augmentation (2016 : 4,9% ; 2017 : 3,2%), la contribution extérieure au PIB diminuera légèrement.

La consommation privée reste un soutien conjoncturel : elle s’accroîtra de 1,6% cette année et de 1,4% l’an prochain. L’évolution actuellement languissante de la demande et surtout la persistance des incertitudes politiques et économiques en Suisse comme à l’étranger modèrent la propension à l’investissement. Le développement des investissements est globalement soutenu par divers grands projets de construction ainsi que des investissements dans les capacités de transport de personnes. Concernant l’ensemble des investissements productifs (équipement et construction), le KOF prévoit une croissance de 1,4% en 2016 et de seulement 0,3% en 2017.

Remontée des prix

Le taux de change vis-à-vis de l’euro évolue aux alentours de 1,10. Le KOF estime que le cours se maintiendra à ce niveau durant les mois à venir. Le prix du pétrole a progressivement doublé depuis son bas niveau atteint en janvier. Comme il n’y a en Suisse pratiquement aucune production à forte intensité d’énergie, les coûts de production ne sont pas fortement affectés. Le secteur le plus tributaire du pétrole en Suisse est sans doute le négoce du pétrole, qui représente une partie du commerce de transit et du commerce de gros. A vrai dire, il devrait plutôt profiter de la hausse des prix. De plus, la hausse des prix énergétiques liés aux carburants et combustibles fossiles ne devraient plus entraîner à la baisse les prix à la consommation. L’évolution des prix domestiques restera toutefois négative pendant quelque temps (-0,4% en 2016) ; les prix remonteront ensuite l’an prochain (0,2%). Etant donné le maintien d’une politique monétaire extrêmement expansive dans la zone euro, les taux d’intérêt devraient demeurer bas en Suisse. Les taux négatifs à court terme se maintiendront au niveau actuel en cas de stabilisation du taux de change. De même, les taux à moyen et à long terme des emprunts d’Etat ne remonteront et redeviendront positifs qu’un peu à la fois.

Encore aucune normalisation sur le marché de l’emploi

La pression à l’abaissement des coûts par le biais d’une augmentation de la productivité reste forte et entrave l’évolution du marché de l’emploi. Le taux de chômage a certes progressé l’an dernier depuis l’appréciation du franc, mais dans une mesure moindre que prévu. Au cours des derniers mois, la hausse du nombre des chômeurs inscrits auprès des Offices régionaux de placement (ORP) s’est pratiquement immobilisée. Selon la définition du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), le taux de chômage sera de 3,5% cette année et de 3,6% l’an prochain. En valeur comparable sur le plan international selon les normes de l’Organisation internationale du travail (OIT), le KOF prévoit un taux de chômage de 4,8% aussi bien en 2016 qu’en 2017.

Risque incalculable lié à un éventuel « Brexit »

Le prochain référendum sur le « Brexit » constitue un risque difficile à évaluer par rapport aux prévisions du KOF. Un retrait du Royaume-Uni s’accompagnerait de nombreuses incertitudes économiques et politiques et pourrait générer des dysfonctionnements à court terme sur les marchés financiers (cf. Bulletin du KOF, juin 2016, au sujet des incidences éventuelles du « Brexit »).

DownloadKOF Prévisions conjoncturelles d'été_2016 (PDF, 70 KB)

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