Prévisions conjoncturelles du KOF, automne 2023 : L'économie intérieure fait office de soutient - le commerce extérieur faiblit

La conjoncture suisse se caractérise actuellement par deux tendances contradictoires : d'un côté, la consommation privée et la robustesse du marché du travail soutiennent l'économie intérieure. De l’autre, la faiblesse de l'économie mondiale pèse sur l'économie suisse orientée vers l'exportation. Au final, le KOF prévoit une augmentation du produit intérieur brut (PIB) réel corrigé de l'impact des évènements sportifs de 1,2% cette année et de 1,5% l'année prochaine. 

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La consommation privée reste le pilier de l'évolution conjoncturelle suisse pour la période de prévision.

Selon les prévisions du KOF, le produit intérieur brut (PIB) suisse augmentera cette année de 0,8% en termes réels (1,2% après correction des grands événements sportifs). Le taux de croissance prévu par le KOF pour le PIB en 2023 reste ainsi pratiquement inchangé par rapport aux prévisions de juin. Pour l'année 2024, le KOF revoit toutefois ses attentes à la baisse : le PIB devrait augmenter de 1,9% en moyenne annuelle l'année prochaine et de 1,5% après correction des grands événements sportifs. Dans ses prévisions de juin, le KOF s'attendait encore à une hausse du PIB de 2,1% et à une hausse de 1,7% du PIB corrigé des grands événements sportifs. La raison principale de cette révision est une évolution plus faible de la contribution du commerce extérieur calculée par rapport aux prévisions précédentes, principalement en raison d'un dynamisme plus faible des exportations de marchandises. Dans ses prévisions actuelles, le KOF élargit l'horizon de prévision jusqu'en 2025. Le taux de croissance du PIB total devrait être de 1,6% en 2025 (1,9% pour le PIB corrigé des grands événements sportifs).

Le marché suisse du travail reste solide

La robustesse du marché du travail reste l'un des principaux piliers de la conjoncture suisse. Celui-ci ne devrait ralentir que légèrement l'année prochaine et l'année suivante, malgré une évolution conjoncturelle jugée un peu moins favorable. Après une forte croissance de 2% cette année, l'emploi devrait progresser de presque 1% l'année prochaine et l'année d'après. Le taux de chômage calculé par l'Office fédéral de la statistique (OFS) selon la définition de l'Organisation internationale du travail (OIT) augmentera certes un peu plus que prévu en moyenne annuelle en 2024, passant de 4,1% cette année à 4,3% (prévision de juin : 4,2%), mais il restera relativement bas - même en comparaison historique - et n'augmentera que de 4,5% en 2025. Le taux de chômage au sens du Secrétariat d'État à l'économie (SECO) devrait également légèrement augmenter, passant de 2% cette année à 2,2% l'année prochaine (prévision de juin : 2%) et à 2,4% en 2025, ce qui plaide également en faveur d'un environnement de marché du travail toujours favorable.

Les hausses des loyers et des prix de l'électricité alimentent l'inflation

Le KOF révise un peu plus son estimation de l'évolution du renchérissement. L'indice des prix à la consommation (IPC) devrait augmenter de 2,2% cette année, de 2,1% l'année prochaine et d'environ 1,1% en 2025. Dans ses prévisions précédentes, le KOF estimait que l'IPC augmenterait également de 2,2% cette année, mais de 1,5% l'année prochaine. La révision des prévisions pour 2024 s'explique principalement par le fait que les augmentations des loyers auront un impact plus important sur le taux d'inflation que prévu et que les prix de l'électricité augmenteront plus fortement en début d'année que prévu jusqu'à présent.

Le KOF s'attend à des taux d'intérêt stables et à une appréciation nominale du franc suisse

Lors de sa réunion de septembre, la Banque nationale suisse (BNS) a décidé de maintenir son taux directeur à 1,75%. Le KOF s'attend à ce que la BNS lâche la bride aux taux d'intérêt dans un avenir proche, après avoir relevé le taux de 250 points de base en l'espace d'un an environ. En décidant de ne pas relever son taux directeur, la BNS a encore creusé l'écart de taux avec la zone euro, qui se situe désormais à 2,25 points de pourcentage. Il faut s'attendre à ce que la BNS intervienne sur le marché des devises en vendant des devises afin de garantir un franc fort et de réduire encore le renchérissement importé. Le KOF s'attend encore à une appréciation du taux de change effectif nominal.

La consommation privée restera un moteur important au cours des deux prochaines années

La consommation privée reste le pilier de l'évolution conjoncturelle suisse pour la période de prévision. Après que les consommateurs ont surtout consommé davantage de services au cours des derniers mois et que le commerce de détail s'est normalisé depuis le pic qu’il avait connu lors de la crise du COVID, ce dernier devrait lui aussi enregistrer une nouvelle croissance dans un avenir proche. Les ménages continuent de financer la consommation par un taux d'épargne qui a tendance à diminuer légèrement. Dans l’ensemble, la consommation privée devrait augmenter de 2,3% en termes réels cette année et de 1,5% les deux prochaines années.

Une augmentation des salaires réels attendue seulement pour 2025

Le KOF prévoit que les salaires nominaux augmenteront de 2% cette année, selon le calcul de l'indice suisse des salaires (SLI). Dans la mesure où le taux d'inflation sera supérieur à 2% durant la même période selon les prévisions actuelles, les salaires réels stagneront cette année. L'année prochaine, l'augmentation des salaires nominaux devrait être légèrement supérieure et s'élever à 2,2%. Cela implique une nouvelle année de vaches maigres pour l'évolution des salaires réels. Ce n'est qu'en 2025, lorsque les pressions inflationnistes auront nettement diminué, que les salaires réels devraient à nouveau augmenter sensiblement de près de 1%.

Perspectives mitigées pour l'économie mondiale – faiblissement de la Chine et l'Allemagne en particulier

La demande internationale sera modérée au second semestre de cette année. Le PIB mondial pondéré par les parts des exportations suisses n'augmentera que modérément. En Chine, la reprise économique qui a suivi la fin de la politique « zéro COVID » au deuxième trimestre 2023 ne s'est pas poursuivie comme prévu, la dynamique s'est même affaiblie contrairement à de nombreuses prévisions. La Chine affiche actuellement une faiblesse conjoncturelle marquée par une crise immobilière ainsi qu'une demande de consommation hésitante. L'économie allemande connaît un ralentissement marqué se répercutant également sur la Suisse. Une petite lueur d'espoir vient de l’Amérique du Nord, où l'économie a évolué de manière plus positive que ne l'avait prévu le KOF cet été.

L'évolution de l'inflation et les conflits géopolitiques comportent des risques conjoncturels

Concernant les risques pour les prévisions et la conjoncture, l'évolution de l'inflation et la politique monétaire qui en découle jouent un rôle essentiel. Ceci est valable tant pour les risques à la baisse que pour les risques à la hausse. Des effets secondaires plus marqués pourraient conduire à une consolidation de l'inflation plus forte que prévu. Les banques centrales pourraient alors être contraintes de mener une politique monétaire encore plus stricte et de freiner fortement la conjoncture. D'autre part, l'inflation pourrait s'affaiblir plus rapidement que ne le prévoient les prévisions, ce qui permettrait à la politique monétaire de relâcher la bride plus tôt. L'intensification ou la survenue de conflits géopolitiques constitueraient de nouveaux autres risques baissiers lesquels affaibliraient le commerce mondial et/ou déclencheraient des chocs de prix des matières premières ou de l'énergie. L'éclatement de la bulle immobilière en Chine pourrait affecter plus longtemps et plus fortement la croissance économique chinoise et avoir un impact négatif sur le commerce mondial.

Le potentiel de rechute de la branche pharmaceutique constitue un risque particulier en Suisse. Suite à la pandémie, l'industrie chimique et pharmaceutique suisse a fortement augmenté la valeur ajoutée pour la production et la livraison de vaccins en 2021 et 2022. Le KOF part du principe que les capacités de production mises en place à cet effet dans le domaine de la biotechnologie seront désormais conservées en grande partie pour de nouveaux produits. Toutefois, si les capacités de production de l'industrie pharmaceutique devaient être fortement réduites, le PIB suisse en subirait également les conséquences.

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