Comment naissent les innovations, M. Schumpeter ?

Pour comprendre l’essence du progrès technologique et la nature du capitalisme, il a développé des théories qui ont marqué son temps et bien au-delà. Que nous conseillerait-il aujourd'hui ? Entretien fictif avec feu l'économiste autrichien Joseph Schumpeter sur l'innovation, la numérisation et l'intelligence artificielle.

Cette interview fictive a été réalisée en collaboration avec Chat GPT et Perplexity.

L'Europe est à la traîne par rapport aux États-Unis et à la Chine en matière de numérisation. Selon vous, quelle en est la raison principale ?
Et bien, ceci est lié à la nature même de l'innovation et de la destruction créatrice. Le progrès économique résulte d'innovations radicales qui détruisent les anciennes structures et créent de nouveaux marchés. Les États-Unis et la Chine ont créé un environnement favorable à de telles innovations. Aux États-Unis, l'esprit d'entreprise est très développé, associé au capital-risque et à une culture qui accepte l'échec comme un processus d'apprentissage. Des entreprises comme Google, Apple ou Microsoft ont pu bouleverser des marchés, grâce à une innovation agressive. La Chine, quant à elle, a une stratégie d'innovation dirigée par l'État, combinée à des investissements massifs dans des technologies clés telles que l'intelligence artificielle et les semi-conducteurs.

Donc qu'est-ce qui ne marche pas en Europe ?
L'Europe a certes d'excellents ingénieurs et chercheurs, mais le dynamisme y fait souvent défaut. La bureaucratie, la réglementation et une certaine frilosité à prendre des risques freinent de nombreuses innovations révolutionnaires. Par ailleurs, on y trouve moins de capitaux pour les start-ups par rapport aux États-Unis.

Que devrait faire l'Europe pour rattraper son retard ?
Alléger la réglementation, fournir plus de capital-risque, créer des liens plus forts entre la science et l'économie et aussi encourager une culture qui facilite la prise de risque pour les fondateurs d’entreprise.

L'Europe devrait-elle également mener davantage de politique industrielle et protéger ses propres industries par des droits de douane, comme le fait actuellement Donald Trump aux États-Unis ?
La politique industrielle peut aider, mais elle comporte aussi des risques. Si l'État soutient de manière ciblée des industries clés, cela peut stimuler l'innovation – en investissant par exemple dans des technologies d'avenir comme l'IA, les semi-conducteurs ou les énergies renouvelables. Mais si l'État intervient trop, la bureaucratie, les distorsions du marché et les structures inefficaces risquent alors d'apparaître. Les droits de douane peuvent protéger certaines industries à court terme, mais ils étouffent souvent la pression concurrentielle. Or, la concurrence est le moteur de l'innovation. Lorsque les entreprises sont protégées de la concurrence étrangère, elles sont moins incitées à devenir plus efficaces ou à développer de nouvelles technologies. Cela peut les rendre inertes et hostiles à l'innovation sur le long terme.

Les innovations ont-elles un côté obscur ?
Oui, bien entendu ! Tout processus d'innovation génère des gagnants mais aussi des perdants. Les modèles commerciaux traditionnels deviennent obsolètes et certains emplois disparaissent. Cela peut entraîner des tensions sociales comme par exemple dans la ville de Détroit, aux USA, où l'on produisait autrefois des voitures en masse et où des halls d'usine sont aujourd'hui vides, ou encore dans la région de la Ruhr en Allemagne, à la suite du déclin de l'industrie du charbon locale dans les années 60, 70 et 80. Des villes comme Gelsenkirchen ressentent encore aujourd'hui ce changement structurel.  Toutefois, ce processus est indispensable au progrès économique. Le défi consiste à gérer le changement de façon à ce que les avantages des innovations soient répartis le plus largement possible.

Quelle tradition ne devrait en aucun cas être remise en cause ?
Celle des cafés viennois, bien sûr. À une époque où tout doit être disruptif, ils sont une forme de résistance douce contre l'accélération, contre l'obsession de l'efficacité, contre le Wi-Fi.

L'essentiel de la théorie de Schumpeter

L'économiste autrichien Joseph Schumpeter (1883-1950) considérait le développement économique comme un processus de renouvellement permanent. La « destruction créatrice » est son idée centrale : les nouvelles technologies et les innovations supplantent les anciennes structures, ce qui stimule le progrès et la croissance. Schumpeter considérait les entrepreneurs et les innovations technologiques comme les principaux moteurs de l'économie. Il mettait toutefois en garde contre le fait que la bureaucratie, une réglementation excessive et une aversion pour le risque dans la société pouvaient freiner le processus d'innovation. Du point de vue de l'histoire des idées, Schumpeter est rattaché à l'école autrichienne d'économie nationale et à l'économie évolutionniste.

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