Comment les économistes de Suisse jugent-ils la 4ème révolution industrielle ?

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Quelles sont les conséquences de ce que l’on appelle la 4ème révolution industrielle ? Le KOF a, pour la première fois, interrogé à ce sujet des économistes établis en Suisse. 

Il apparaît que leurs opinions sont divisées en ce qui concerne les répercussions à court terme sur le marché de l’emploi. À plus long terme, les économistes ne s’attendent à aucune incidence négative sur le marché du travail. En outre, selon leurs estimations, l’économie suisse semble bien armée pour relever les défis de la révolution « Industrie 4.0 ». 

Il est beaucoup question actuellement de la quatrième révolution industrielle, également appelée « Industrie 4.0 ». Les phases qui ont précédé cette quatrième révolution furent « Révolution 1.0 » (invention de la machine à vapeur), « Révolution 2.0 » (électrification) et « Révolution 3.0 » (invention de l’ordinateur). Nous nous trouvons maintenant au cœur de la « Révolution 4.0 », marquée par l’Internet des objets.

Indépendamment de la pertinence de cette description, il semble relativement indiscutable que les processus de production et de logistique sont en profonde mutation depuis l’utilisation généralisée d’Internet. Figurent souvent au premier plan, dans ce contexte, l’automatisation, la numérisation et la robotisation de processus autrefois accomplis par l’être humain. Cette évolution s’accompagne de la crainte largement répandue d’un chômage lié à la technologie, notamment dans les métiers où prédomine le travail de routine. Récemment, on a toutefois aussi mis en garde contre l’automatisation éventuelle de métiers moyennement voire hautement qualifiés.

Enquête du KOF

Le KOF a effectué, dans un coopération avec Radio Télévision Suisse external page RTS, pour la première fois, une enquête auprès des économistes d’universités et d’instituts de recherche de Suisse, pour savoir comment ils évaluaient les transformations actuelles liées à la 4ème révolution industrielle. L’enquête portait principalement sur les répercussions sur le marché de l’emploi ainsi que sur les réactions éventuelles (de l’Etat). La première des neuf questions s’intéressait aux incidences disruptives à court terme de la numérisation et de l’automatisation sur le marché du travail (cf. G 12).

Enlarged view: Effets à court terme dans les pays industrialisés
Source: KOF

Une nette différence apparaît ici entre le nombre des économistes ne s’estimant « pas du tout d’accord » et ceux se montrant « plutôt d’accord ». Et ceci n’est pas vraiment l’expression du vieux dicton : « deux économistes, trois opinions ». mais suggère davantage que les avis sont partagés entre les experts concernant les incidences de la 4ème révolution industrielle à court terme.

S’agissant des répercussions à long terme, les économistes interrogés sont davantage du même avis : près de 50% d’entre eux ne s’attendent à aucune répercussion sur le chômage (cf. G 13). Si l’on y ajoute les réponses faisant état d’effets positifs, 65% des économistes n’escomptent aucune incidence ou prévoient même une diminution du chômage. Un peu plus de 30% d’entre eux s’attendent, en revanche, à un impact à long terme, légèrement voire fortement négatif, sur le marché de l’emploi. 

Enlarged view: Effets à long terme dans les pays industrialisés
Source: KOF

Les appréciations des économistes se révèlent moins positives et encore plus nettes en ce qui concerne l’impact sur la répartition des revenus. Une majorité des économistes tendent à estimer que, dans les pays industrialisés, l’inégalité pourrait s’accroître au niveau de la répartition des revenus en raison de ces nouvelles technologies (cf. G 14).

Enlarged view: Effets à long terme dans les pays industrialisés
Source: KOF

La Suisse peut en tirer profit

Selon les économistes, la robotique et la numérisation pourraient avoir pour effet en Suisse que le besoin en main-d’œuvre peu qualifiée décroîtra et que le besoin en main-d’œuvre hautement qualifiée s’accroîtra. Concernant le besoin en main-d’œuvre moyennement qualifiée, la majorité des économistes prévoit également une diminution de la demande, mais une part non négligeable d’entre eux n’envisagent aucun changement. Globalement, les économistes voient plutôt la Suisse dans le camp des gagnants suite à l’introduction de ces technologies. Les conditions politiques et légales locales sont telles que la Suisse gagnera plutôt en compétitivité par rapport aux autres pays industrialisés (cf. G 15). 

Enlarged view: Evolution en Suisse
Source: KOF

Concernant les options politiques, une part substantielle des économistes revendiquent un changement du cadre légal de sorte que la Suisse puisse jouer un rôle de précurseur. Cependant, un nombre élevé d’experts considère également qu’il n’y a aucun besoin d’intervention de l’Etat (cf. G 16).

Enlarged view: Mesures politiques
Source: KOF

A propos de l’enquête

Au total, le KOF a sollicité 476 économistes. 157 d’entre eux ont répondu, ce qui correspond à un taux de réponse de 33%. Les économistes interrogés étaient des chercheurs employés dans des institutions publiques et publiant dans des revues spécialisées. Cette enquête est une coopération avec Radio Télévision Suisse external page RTS,

Le KOF se conçoit comme un médiateur entre la recherche universitaire et le grand public. Il souhaitait, par le biais de cette enquête, donner la parole aux chercheurs en économie. 

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Dr. Klaus Abberger
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