Le KOF, un partenaire engagé dans le monde

Afghanistan : un pays marqué par la guerre

Au cours des dernières années, les employés du KOF ont été engagés à titre de conseillers dans de multiples régions du globe, afin de seconder les institutions locales, telles que les Chambres de commerce et d’industrie, dans le développement et la réalisation d’enquêtes spécifiques. Ce fut le cas en Afghanistan de 2012 à 2015. Le KOF y conseilla la Chambre de commerce et d’industrie afghane pour l’organisation d’enquêtes régulières, à la demande de l’Association pour la coopération internationale (Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit, GIZ). Outre le suivi de l’évolution conjoncturelle, une enquête annuelle a été introduite concernant l’identification des problèmes structurels auxquels se heurtent les entreprises dans leurs activités.

Dans la mesure où l’Afghanistan est un pays présentant une sécurité extrêmement précaire et de faibles infrastructures, il n’est pas possible d’envoyer tout simplement quelques questionnaires par la poste ou par mail, comme cela va de soi en Suisse. Comme l’accessibilité n’est pas assurée et que les entretiens individuels seraient certes possibles mais liés à des risques substantiels en matière de sécurité, les enquêtes s’effectuent par téléphone. Du personnel est recruté à cet effet et se voit formé par les partenaires du projet. Les résultats de l’enquête annuelle de 2015 montrent que, en dehors de la sécurité précaire, l’Afghanistan connaît de multiples problèmes auxquels les entreprises sont confrontées. L’approvisionnement en électricité, par exemple, le manque de transparence des réglementations douanières, ou encore l’influence politique dans les appels d’offres publiques. Ces résultats per- mettent à la Chambre de commerce et d’industrie afghane de mener des entretiens avec le pouvoir politique en vue d’améliorer les conditions générales, sans s’exposer au reproche de la défense d’intérêts particuliers.

Un autre projet mené moyennant l’introduction d’un sondage d’experts a pour but d’analyser les problèmes affectant la chaîne de valeur agricole des amandes, du blé, des volailles et des produits laitiers dans les régions septentrio- nales (Balkh, Balghlan, Takhar, Badkhshan et Samangan). Dans le cadre d’un workshop-pilote, le KOF a mis en œuvre à Mazar-i-Sharif, conjointement avec des partenaires locaux, la méthode des groupes nominaux. Les « key infor- mants » présents dans ces workshops identifient et quantifient les problèmes rencontrés dans les différentes chaînes de valeur ajoutée. Ces workshops sont très structurés et comportent plusieurs phases d’évaluations secrètes.

S’inspirant de ce workshop-pilote, la Chambre de commerce et d’industrie a mené elle-même plusieurs ateliers du même type dans diverses régions. Pour des raisons de sécurité, le KOF n’a pas pu encadrer ces autres ateliers sur place. Les résultats ont été publiés dans un rapport rédigé en anglais, en pachtou et en dari, et imprimé à 1000 exemplaires. 

Kosovo : un État jeune affecté par les tensions politiques

Le KOF a secondé, non seulement en Afghanistan, mais aussi dans d’autres pays, comme le Kosovo, des institutions locales dans le lancement d’enquêtes conjoncturelles. Ainsi, la Chambre de commerce du Kosovo, a mené deux enquêtes entre 2012 et 2016 grâce au financement de la GIZ et au soutien du KOF. Dans ce pays encore jeune, où la situation politique demeure instable, les données en temps réel sur la situation des entreprises revêtent un grand intérêt. Les enquêtes conjoncturelles menées à intervalles réguliers et l’introduction d’un indice du climat des affaires vont dans ce sens. Comme le pays souffre également de problèmes structurels et d’un chômage élevé, une enquête dite « bottleneck » a été mise sur pied avec l’aide du KOF pour l’analyse du contexte structurel. Dans ce type d’enquête, les entreprises participantes sont soumises à des listes de facteurs contraignants dans divers domaines (contexte économique, conditions administratives et régu- latrices, infrastructure et conditions générales). Par ailleurs, les entreprises font état de problèmes propres à leur secteur d’activité et répondent à des questions concernant leurs projets d’investissement et leurs motivations.

La qualité des produits est un des problèmes auxquels les entreprises kosovares sont confrontées. Pour devenir plus compétitives, elles souhaiteraient investir dans ce domaine. Mais l’approvisionnement en électricité a aussi contrarié les entreprises au cours des dernières années. Le courant est principalement produit par une centrale au lignite située près de Pristina. Le retard technique implique des coûts élevés et de fréquentes interruptions de courant. Avec l’aide de capitaux étrangers, la centrale doit être modernisée. Autre problème : le coût élevé de la main- d’œuvre, ce qui peut paraître contradictoire à première vue étant donné le niveau du chômage. Le niveau général des salaires est déterminé par les revenus élevés du secteur public et les virements de la diaspora. Par rapport à la productivité et à la qualité des produits, le Kosovo est donc un pays plutôt cher comparé à d’autres pays de la région. De plus, il y a un grand décalage entre les qualifications acquises par une bonne partie des jeunes affluant sur le marché de l’emploi à l’issue de leur formation et les qua- lifications effectivement requises par les entreprises.

Une meilleure observation de la conjoncture mondiale

Après la grande récession de 2009, les Nations Unies ont défini comme objectif prioritaire le développement et la mise en œuvre d’indicateurs destinés à l’observation précise de l’évolution conjoncturelle. Ces statistiques devraient être réalisées dans le plus grand nombre de pays possible, y compris les pays en développement, afin de garantir une meilleure observation de l’évolution conjoncturelle. À la demande de l’ONU, le KOF organise des workshops dans divers pays d’Asie occidentale et d’Afrique septentrionale. En Jordanie et en Egypte, par exemple, cette année. Un schéma directeur spécifique et des projets de réalisation d’enquêtes conjoncturelles doivent être définis dans le cadre de ces workshops. L’introduction de ces enquêtes sera accompagnée par le KOF. 

Monténégro : un partenariat de longue durée

Le KOF intervient aussi à titre de consultant en ce qui concerne un autre thème important, l’établissement de prévisions conjoncturelles. En qualité de partenaire institutionnel, le KOF seconde l’Institut d’études stratégiques et de prévisions (ISSP) du Monténégro, et ce dans le cadre du programme de coopération scientifique entre l’Europe orientale et la Suisse (SCOPES) du Fonds national suisse (FNS) et de la Direction du développement et de la coopération (DDC).

L’ISSP fut l’un des premiers instituts de recherche économique de ce petit pays. Depuis sa création en 1997, il a constamment élargi ses compétences dans le domaine de l’économie, des finances, de la politique sociale et de la démographie. Pour compléter le savoir de son personnel, l’échange avec un partenaire étranger est important, car les possibilités sont très limitées au Monténégro. Un échange intensif s’est donc instauré entre l’ISSP et le KOF, qui lui prodigue ses conseils. Des employés de l’ISSP viennent régulièrement en Suisse au moment de l’établis- sement des prévisions conjoncturelles et des membres du KOF vont au Monténégro pour conseiller l’ISSP.

Ce partenariat de longue durée a pour objectif de permettre à l’ISSP d’élargir et de professionnaliser ses modèles d’établissement de prévisions. En outre, l’institut entend mettre davantage de données et d’indicateurs à la disposition des dirigeants politiques et économiques monténégrins, afin de soutenir les entreprises et les pouvoirs publics dans leurs projets d’investissement et leur prise de décisions.