KOF YLMI : la Grande récession a affecté les conditions de travail des jeunes, sauf en Suisse

Le Danemark en tête de l’indice général

Dans la troisième édition du KOF YLMI, le Danemark a pris la tête du classement en 2014 (dernière année disponible), avec un indice de 5,74 points. La Suisse, en deuxième position, a atteint un indice total de 5,70 points. Cette valeur est nettement supérieure à la moyenne des pays de l’UE28 (4,78 points). Les deux leaders sont suivis par l’Autriche, l’Allemagne et les Pays-Bas (environ 5,5 points). En queue de classement figurent la Grèce, la Macédoine, l’Espagne et l’Italie, avec des indices inférieurs à 4 points. Ce classement compare des pays présentant au moins dix des douze indicateurs du KOF YLMI.

L’indice suisse nettement supérieur à la moyenne de l’UE28

Le graphique G 9 visualise l’évolution de chaque indicateur pour la Suisse et l’UE28 en 2008, c’est-à-dire avant la crise, ainsi que les données disponibles les plus récentes (2014). Les indicateurs relatifs à la catégorie « État du marché du travail »révèlent une situation stable et solide en Suisse. Ce n’est toutefois pas le cas de l’UE28, qui présente une forte baisse. Il convient de noter en particulier la forte amélioration de l’indicateur « Seuil de pauvreté » en Suisse. De même, dans la catégorie « Système de formation », les indicateurs de la Suisse sont supérieurs à la moyenne de l’UE28. Néanmoins, il faut préciser que cette catégorie est la seule dans laquelle le résultat de l’UE28 a progressé durant la période 2008-2014. Les deux indicateurs de cette catégorie, « Taux d‘éducation formelle » et « Taux d‘Inadéquation des compétences», se sont améliorés entre 2008 et 2014.

Enfin, dans la catégorie « Facilité d’accès au marché du travail», la performance de la Suisse est comparable à la moyenne de l’UE28 en ce qui concerne l’indicateur sous-jacent « Rapport entre le taux de chômage des jeunes et des adultes». Cet indicateur suggère que les différences dans la situation des jeunes sur le marché de l’emploi reflètent l’état général de l’économie plutôt qu’un problème spécifique des jeunes. Concernant la part des jeunes sans emploi depuis plus d’un an, la Suisse affiche un meilleur résultat que les pays de l’UE28. D’une manière générale, le résultat de la Suisse concernant le chômage de longue durée a diminué entre 2008 et 2014. C’est un aspect préoccupant, dans la mesure où l’augmentation du taux de chômage de longue durée des jeunes pourrait suggérer que le chômage structurel s’accroît en raison d’une inadéquation du « Taux d‘Inadéquation des compétences ». Par conséquent, cette évolution mérite d’être analysée soigneusement pour qu’il soit fait en sorte que les jeunes menacés reçoivent le soutien nécessaire permettant d’accéder plus facilement au marché de l’emploi.

Dégradation des conditions de travail pour les jeunes en Europe

La baisse moyenne de 0,28 point de l’indice global dans les pays de l’UE28 entre 2008 et 2014 s’avère relativement modérée par rapport à la valeur de la Suisse. Cependant, la moyenne de l’UE28 masque des dégradations dramatiques dans un certain nombre de pays, notamment Chypre, l’Irlande, l’Italie, la Grèce et l’Espagne. La régression observée dans ces pays était en moyenne trois fois supérieure à la moyenne de l’UE. La baisse était notamment la plus forte dans la catégorie « Statut ».

Toutefois, les résultats moyens obtenus dans la catégorie « Conditions de travail » ont aussi fortement diminué, ce qui souligne l’importance de tenir compte de la complexité de la situation du marché de l’emploi des jeunes. L’indicateur « Emploi partiel involontaire », par exemple, s’est dégradé le plus en Italie et en Espagne. Par ailleurs, l’indicateur « Emploi temporaire » a atteint un niveau alarmant en Espagne. L’Irlande présente une tendance négative en ce qui concerne l’indicateur « Horaires atypiques », tandis que l’indicateur « Emploi précaire » s’avère préoccupant en Grèce. Les résultats de Chypre s’avèrent inégaux dans les différents indicateurs (cf. G 10). Tout cela montre que la crise affecte les conditions de travail dans des mesures très variées dans ces pays.