Activités d’innovation de l’économie suisse : concentration croissante des dépenses en R&D

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Les entreprises suisses sont encore parmi les plus novatrices du monde, même si la part des entreprises novatrices a fléchi. Concernant les entreprises qui ont généré des innovations, la part des dépenses en innovation dans le chiffre d’affaires s’est toutefois accrue. C’est ce que révèlent les résultats de la 10ème enquête sur l’innovation dans l’économie suisse relative aux années 2012 à 2014.

Durant la dernière période d’observation (2012 à 2014), la tendance à la baisse de la part des entreprises menant des activités de recherche et développement (R&D) s’est poursuivie. Globalement, 14,3% de toutes les entreprises ont eu des activités de R&D, contre 16,6% pendant la période 2010-2012. Le recul concerne avant tout le secteur de la haute technologie (pharmacie, chimie, construction mécanique, électrotechnique, technique médicale, construction automobile et horlogerie) ainsi que les secteurs de services traditionnels (commerce, transports/logistique, hôtellerie, immobilier et services individuels) et, dans une mesure moindre, les services modernes (finances, TI médias, télécommunications, services aux entreprises) et le secteur des basses technologies (par ex. alimentation, imprimerie, production de métaux, énergie).

En 2014, la part des dépenses en R&D dans le chiffre d’affaires s’est aussi réduite (cf. G 4). Cependant, sur le long terme, cette part a affiché une hausse notable. Les entreprises menant des activités de R&D ont investi en moyenne, entre 2012 et 2014, 2,7% de leur chiffre d’affaires dans des projets de R&D et 4,1% dans des projets d’innovation (y compris dépenses en R&D). Cette progression est particulièrement marquée dans le secteur des basses technologies, les services traditionnels ainsi que les grandes entreprises.

Enlarged view: Évolution des indicateurs d'innovation (en %)
Source : KOF

Accroissement des réductions de coûts par des innovations de processus

Dans l’ensemble, les innovations d’organisation et de marketing s’avèrent plus fréquentes que les innovations de produits et de processus. Durant la dernière période observée (2012-2014), les réductions de coûts par le biais d’innovations de processus ont toutefois nettement gagné en importance, en particulier dans le secteur tertiaire. Globalement, les innovations d’organisation et de marketing ont régressé par rapport à la période précédente.

Moins de nouveaux produits sur le marché

Le succès de l’innovation, mesuré d’après la part du chiffre d’affaires consacrée aux produits novateurs, s’est améliorée globalement ainsi que dans la plupart des agrégats. Cette évolution s’explique exclusivement par l’augmentation des nouveautés d’entreprises. Ce type d’innovation est nouveau pour l’entreprise mais non pour le marché. Il s’agit donc de nouveautés ayant une teneur en innovation relativement faible. La part des nouveautés de marché, en revanche, a légèrement diminué.

Obstacles : coût et durée d’amortissement

Les obstacles à l’innovation ont continué de perdre de leur importance. L’obstacle que constitue la pénurie de personnel en R&D ainsi que de main-d’œuvre spécialisée en général, très débattue dans l’opinion publique, a tendu à diminuer depuis la période 2006-2008. Tandis que le manque de main-d’œuvre spécialisée est relativement faible dans les grandes entreprises, il représente un obstacle à l’innovation relativement important pour les moyennes entreprises.

Les principaux obstacles aux activités d’innovation demeurent le coût de l’innovation et la durée de l’amortissement. Cela s’applique en particulier aux entreprises industrielles et aux grandes entreprises. Pour ces dernières, les risques de marché constituent en outre un obstacle majeur. Les entreprises employant moins de 50 salariés déplorent beaucoup plus souvent l’absence de moyens que les grandes entreprises.

La part des entreprises bénéficiant d’une aide à l’innovation des pouvoirs publics a progressé depuis 2009, pour s’établir à 9,1%. Bien que la plupart des entreprises soient soutenues dans le cadre de mesures nationales, les programmes internationaux continuent de gagner en importance.

Importance croissante des coopérations

Les coopérations en R&D, en particulier avec d’autres entreprises suisses ou des institutions universitaires, ont également gagné en importance pendant la période considérée et notamment depuis 2009. En revanche, la coopération avec des concurrents et des entreprises d’autres secteurs d’activité est en régression.

Durant la période étudiée, de 2012-2014, l’emploi des technologies d’information et de communication (TIC) a aussi été recensé. Par rapport à toutes les autres entreprises, les grandes entreprises industrielles ont le plus investi dans les TIC et recourent le plus souvent aux canaux d’Internet pour se procurer des intrants. La vente de produits et de services revêt toutefois, pour le secteur tertiaire, une plus grande importance. Les grandes entreprises utilisent en outre beaucoup plus souvent les médias sociaux ainsi que le cloud computing, mais elles sont aussi plus fréquemment affectées par des problèmes de sécurité informatique que les petites entreprises.

Étude sur l’innovation:

Le KOF analyse les activités d’innovation de l’économie suisse pour le compte du Secrétariat d’État à l’économie (SECO). La 10ème enquête sur l’innovation porte sur la période 2012-2014 et se fonde sur les indications fournies par 1778 entreprises.

L’étude peut être consultée ici.

Contact

Prof. Dr. Martin Wörter
Lecturer at the Department of Management, Technology, and Economics
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KOF Konjunkturforschungsstelle
Leonhardstrasse 21
8092 Zürich
Switzerland

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