(Para-)hôtellerie contre Airbnb

L’hôtellerie ne représente toutefois qu’une partie de l’hébergement touristique. L’autre partie est désignée par le terme de « parahôtellerie ». La nouvelle statistique de l’Office fédéral de la statistique (OFS) sur la parahôtellerie renseigne sur l’offre et la demande des logements de vacances exploités commercialement, des hébergements collectifs et des terrains de camping ; elle est disponible pour la première fois pour l’année 2016. Par ailleurs, au cours des dernières années, Airbnb a considérablement gagné en importance dans l’offre d’hébergements.[1]

Combien de lits sont disponibles ?

Du côté de l’offre, nous avons comparé les diverses formes d’hébergement à partir de leur capacité de couchage. Il ne faut toutefois pas perdre de vue que la statistique de la parahôtellerie repose sur un échantillonnage. Les terrains de camping sont négligés, car ils sont difficilement comparables au niveau de l’offre. Certains objets peuvent être comptabilisés deux fois s’ils sont proposés dans la parahôtellerie classique et, en même temps, chez Airbnb.

À l’échelle de la Suisse, 272 000 lits d’hôtel ont été recensés en 2016. Par rapport au nombre total de lits dans l’hôtellerie, les logements de vacances et les hébergements collectifs ainsi que sur Airbnb, représentent une part de marché de près de 44% (cf. G 4). La parahôtellerie représentait même 286 000 lits, dont un peu plus de la moitié revenait aux logements de vacances, soit une part de 46%. Le nombre de lits proposés en tant qu’objets proposés sur Airbnb atteignait 64 000 fin janvier 2017, soit une part de marché de 10%.

Comme le montre le graphique 7, les différentes formes d’hébergement varient sensiblement d’une région à l’autre. Dans le Bassin lémanique (en particulier en Valais), en Suisse orientale (Grisons), sur le Plateau suisse (Oberland bernois) et au Tessin, la parahôtellerie est très importante (entre 40% et 50% de la capacité de couchage). Dans les zones urbaines (Zurich et Nord-Ouest), l’hôtellerie détient les plus fortes parts de marché ; de plus, les logements d’Airbnb y représentent une forme d’hébergement très importante avec des parts respectives de 16% et 21% de la capacité de couchage.

L’importance croissante d’Airbnb apparaît tout particulièrement dans l’observation de l’évolution des dernières années. Ainsi, le nombre de lits d’hôtel est demeuré à peu près stable entre 2014 et 2017 (environ 272 000). Les régions urbaines telles que Zurich, Vaud et Bâle ont accru leur offre hôtelière, tandis des lits étaient supprimés en Valais, au Tessin, de même qu’en Suisse centrale et orientale. Durant la même période, l’offre d’Airbnb a triplé (+43 000 lits). Les croissances absolues les plus fortes ont été enregistrées dans les cantons offrant beaucoup de logements de vacances : Valais (+14 000 lits), Grisons (+5400), Berne (+4300) et Tessin (+2000) ; ainsi que dans les cantons à prédominance urbaine : Vaud (+3700), Zurich (+2900) et Bâle (+2200).

Combien de lits sont demandés ?

S’agissant de la demande, nous avons comparé les formes d’hébergement à partir du nombre de nuitées. En 2016, la parahôtellerie (logements de vacances, hébergements collectifs et terrains de camping) a enregistré 14,9 millions de nuitées, soit une part d’environ 30% de l’hébergement touristique.[2] Les logements de vacances représentent une part de près de 14%. En raison d’un taux d’occupation plus faible par rapport à l’hôtellerie, la part de marché de la parahôtellerie est inférieure à celle de l’offre.

Comme le montre le graphique 8, 90% des nuitées sont générées dans l’hôtellerie dans les régions essentiellement urbaines (Zurich et Nord-Ouest). La parahôtellerie présente des parts élevées en Suisse orientale (Grisons), sur le Plateau (Oberland bernois) et dans le Bassin lémanique (Valais). Les terrains de camping sont surtout importants au Tessin.

Par rapport à l’hôtellerie, la parahôtellerie est très axée sur les résidents, qui représentaient près de 70% des nuitées l’an dernier. Dans l’hôtellerie, la part des résidents est en revanche de 46%. En outre, plus de 80% des nuitées étrangères sont générées par des Européens en parahôtellerie, alors que les clients non européens sont d’une grande importance pour l’hôtellerie.

Pression persistante sur l’hôtellerie traditionnelle

La parahôtellerie classique représente en Suisse environ 44% des lits et 30% des nuitées. Son importance est surtout grande dans les régions alpines. La demande provient principalement de résidents. L’offre d’Airbnb, nouvelle forme d’hébergement, a fortement progressé au cours des dernières années et devrait encore s’accroître à l’avenir. Airbnb est important dans les villes et les régions offrant de nombreux logements de vacances. La plateforme offre la possibilité de développer la parahôtellerie auprès des touristes étrangers et d’accroître son taux d’occupation. La concurrence devrait toutefois augmenter pour l’hôtellerie classique.

^{[1] Les chiffres concernant Airbnb ont été recensés par l’Institut de tourisme de la HES valaisanne pour les années 2014-2017.}

^{[2] Hôtellerie et parahôtellerie. Les informations relatives à la demande chez Airbnb ne sont pas connues.}