La numérisation accroît en majorité la satisfaction au travail des diplômés des écoles supérieures
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Le terme de « numérisation » est omniprésent et de plus en plus d’études ont pour objet l’évalua-tion des métiers susceptibles d’être menacés par la numérisation et les secteurs où des emplois pourraient se créer. Ce débat n’accorde que peu d’importance à l’influence de la transformation numérique sur la qualité des emplois actuels.
On entend par « numérisation » la mutation vers des pro-cessus et des produits numérisés à l’aide des technologies d’information et de communication. Mais les informations sont encore très lacunaires concernant la mesure dont la main-d’œuvre est réellement affectée. L’ODEC 1 a offert en automne 2017 à des chercheurs du KOF, l’occasion d’inter-roger plus de 3000 diplômés d’ES au sujet de l’influence exercée par la numérisation dans leur travail 2. Cet article présente les résultats de l’enquête.
Une influence différente en fonction du secteur
Le graphique 7 présente, sur l’axe horizontal, et pour chaque secteur, la part des diplômés indiquant que la numérisation exerce une influence sur leur travail. Les résultats montrent que la numérisation exerce en général une forte influence sur le travail. Il est surprenant de constater que l’évolution la plus marquée concerne le sec-teur « agriculture et sylviculture », même si seulement huit observations sont disponibles. Le travail a également connu des changements majeurs dans les secteurs « hôtellerie, tourisme et économie domestique », « tech-nique » et « économie ». En revanche, la numérisation a une influence mineure dans les secteurs « santé » ainsi que « domaine social et formation d’adultes ».
D’autres évaluations montrent que les hommes sont plus concernés que les femmes et que les incidences de la mutation numérique sont plus fortes pour les employés de grandes entreprises. Il est également intéressant de noter que la Suisse romande est concernée dans une mesure inférieure à la moyenne, alors que la numérisation induit des changements notables au Tessin. Le travail des cad-res et des dirigeants s’est radicalement transformé. En revanche, les indépendants indiquent qu’ils sont peu influencés.
Par ailleurs, le graphique 7 montre, sur l’axe vertical, dans quelle mesure les personnes interrogées jugent néces-saire de suivre une formation complémentaire ou continue en raison de la numérisation. À cet égard, on observe éga-lement de grandes différences entre les différents sec-teurs. Dans les secteurs « agriculture et sylviculture » ainsi que « hôtellerie, tourisme et économie domestique », environ 85% des personnes interrogées sont convaincues que la numérisation exigera une formation complémen-taire ou continue. Dans le secteur « domaine social et formation d’adultes », en revanche, moins de 60% des per-sonnes interrogées l’estiment nécessaire.
Le graphique 7 révèle en outre une forte corrélation entre l’influence de la numérisation sur le travail et le besoin perçu d’une formation complémentaire ou continue liée à cette numérisation.
Perception positive de la numérisation
Bon nombre de personnes présument que la numérisation provoque la disparition de nombreux emplois. Il en résulte l’hypothèse selon laquelle la numérisation mettrait en péril la sécurité des emplois et donc exercerait une influence négative sur la satisfaction au travail. À l’inverse, on peut également supposer que la numérisation rend plus attrayant le contenu du travail et que, par conséquent, elle accroît la satisfaction. Sur la base de l’enquête de l’ODEC, les auteurs ont pu analyser de manière empirique si la numérisation avait une influence positive ou négative sur la satisfaction au travail des diplômés d’écoles supérieures. Le graphique 8 montre que les personnes interrogées portent en général un jugement positif sur la numérisa-tion. 47% des personnes interrogées se montrent plus satisfaites ou légèrement plus satisfaites de leur travail en raison de la numérisation. Environ 38% d’entre elles indiquent que la numérisation ne modifie pas leur satisfac-tion au travail. Seules 15% des personnes interrogées portent un jugement négatif sur la numérisation. Les résultats suggèrent également que la numérisation ne modifie pas seulement la quantité des emplois offerts, mais qu’elle peut aussi améliorer la qualité des emplois existants. Cette influence positive a longtemps été négli-gée jusqu’à présent dans le débat public.
Autre constat : les personnes interrogées se déclarent ten-danciellement d’autant plus satisfaites si leur travail est touché par la numérisation. Celle-ci stimule tout particu-lièrement la satisfaction au travail des hommes, des employés de grandes entreprises et du Tessin, ainsi que les cadres et les dirigeants. Il apparaît par ailleurs que les jeunes personnes interrogées en particulier apprécient la numérisation. Il ne faut cependant pas perdre de vue que l’influence de la numérisation présente une influence en tout cas neutre dans toutes les catégories.
1 Organisation faîtière de tous les diplômés ES.
2 L'âge moyen des personnes interrogées se situe à 35 ans, la majorité étant entre 25 et 49 ans.
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