Dans quelle mesure les acteurs de la formation professionnelle coopèrent-ils ?
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Une récente étude du KOF s’est intéressée à la coopération entre les acteurs du système éducatif suisse. Il apparaît que ces derniers se montrent satisfaits de leur coopération d'une manière générale. La coopération avec la Confédération présente cependant un potentiel d’amélioration.
Le service de recherche du KOF appliqué aux systèmes éducatifs a achevé une évaluation concernant le pilotage du système suisse de formation professionnelle. Menée à la demande du Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l'innovation (SEFRI), l’étude gravitait autour des questions suivantes :
1 . Quelle est la qualité de la gouvernance1 à l’intérieur du système suisse de formation professionnelle ?
2. Quelle est la qualité de la gouvernance des interfaces du système ?
Parmi les thèmes importants relatifs à la gouvernance figure, selon le SEFRI, l’amélioration de la connaissance du système chez les protagonistes de la formation professionnelle au niveau national, c’est-à-dire, concrètement, la connaissance que ces acteurs ont de leur propre rôle et de leur importance pour l'ensemble du système. Cette démarche est censée permettre d'identifier où et chez qui la connaissance du système est bonne, et d’évaluer l’éventuel potentiel d’amélioration.
L’enquête a été menée en janvier 2019, en allemand et en français, auprès d’acteurs sélectionnés de la formation professionnelle en Suisse. Au total, 2129 personnes ont pris part à l'enquête, l’ensemble des cantons et des secteurs d'activité étant représentés.
Des partenaires relativement satisfaits du système suisse
La satisfaction subjective générale des partenaires par rapport à la gouvernance du système de formation professionnelle en Suisse est relativement élevée ; la moyenne se situe à 3,7 (sur une échelle de 1 à 5) pour l’ensemble des personnes interrogées. La satisfaction par paramètre de pilotage varie, en moyenne, entre 3,0 (paramètre SD6 : financement) et 3,9 (SD12 : perméabilité). Il est donc permis de supposer que la gouvernance s'avère globalement satisfaisante. Les valeurs de comparaison internationale font défaut, car cette enquête n'a été menée qu'en Suisse jusqu'à présent.
En ce qui concerne l'appréciation objective et plus détaillée des 12 paramètres de pilotage (y compris les questions partielles) caractérisant un système de formation professionnelle, les moyennes sont un peu plus basses, comme le montre le graphique 3. Elles se situent entre 2,8 et 3,6. Les acteurs portent donc des jugements légèrement différents sur certains paramètres de pilotage.
Relations intenses entre entreprises et écoles professionnelles
La coopération entre les partenaires est la condition sine qua non d'un système de formation professionnelle en bon état de fonctionnement. Le graphique 4 présente la satisfaction et l'intensité de coopération sur la base d'analyses de réseau. Les relations les plus intenses sont observées entre les entreprises et les écoles professionnelles. Il apparaît par ailleurs que les écoles coopèrent intensivement avec les organisations du monde du travail (OrTrA). Ces relations sont jugées satisfaisantes à neutres, ce qui peut être considéré comme tout à fait positif.
Les relations avec la Confédération ne sont certes pas très intensives en général ; à vrai dire, ceux qui coopèrent avec la Confédération sont plutôt moins satisfaits. Une zone de tension (c’est-à-dire des relations moins satisfaisantes) existe donc entre la Confédération et les OrTra, et ce dans les deux sens. Un besoin d’intervention se fait sentir à ce niveau, car les OrTra jouent un rôle essentiel dans le système dual de formation professionnelle.
Recommandations et perspectives
Les résultats permettent de dériver les recommandations suivantes pour le système suisse de formation professionnelle :
- Une plus forte intégration des entreprises novatrices et axées sur la recherche dans l’élaboration de plans d’études et l’actualisation des ordonnances de formation pourrait favoriser l'innovation. Ces entreprises pourraient, par exemple, être davantage intégrées dans le recrutement d’entreprises dans l'optique d'une commission de réforme.
- La manière dont les partenaires s'informent de la date et du contenu de la refonte d’un plan d’études (cursus) et d'une ordonnance de formation offre un potentiel d'amélioration par rapport à d’autres pays.
- Les relations de coopération entre les entreprises et les écoles professionnelles sont tout à fait intensives et devraient être appréciées par les partenaires compétents.
- De même, les OrTra et leurs entreprises devraient bénéficier de la reconnaissance du réseau en tant qu’acteurs importants au sein du partenariat. Elles coopèrent efficacement.
- Les relations de coopération entre la Confédération et les OrTra méritent réflexion. De toute évidence, d’après les réponses, elles ne suscitent pas la satisfaction des deux parties concernées. Il conviendrait d'examiner cette coopération.
Par rapport à la gouvernance des interfaces du système, il est permis de suggérer les recommandations suivantes :
- Du point de vue de l'égalité des chances, il serait bon d’examiner les possibilités d’harmonisation des conditions d’admission pour les filières de formation générale à l’échelle nationale.
- Il importe de thématiser les différences d’importance entre les diplômes supérieurs formels de formation professionnelle et les cours d'enseignement supérieur non formels.
- Les participants jugent nécessaire d'agir au niveau de la mise en œuvre de la procédure de reconnaissance des prestations d’apprentissage non formelles (suivis d'un cours facultatif, p. ex.) et les prestations informelles (expérience professionnelle, p. ex.).
- Étant donné l'importance capitale de la perméabilité dans le système éducatif suisse, il conviendrait d'examiner dans quelle mesure l’information pourrait être améliorée à ce sujet.
Bilan de cette étude : la gouvernance de la formation professionnelle en Suisse peut être jugée globalement bonne étant donnée l’analyse très nuancée et le nombre relativement élevé des participants. La coopération de base dans la formation professionnelle peut être considérée comme très intensive et neutre jusqu’à bonne. Les diverses parties prenantes entretiennent des relations mutuelles plus ou moins intensives.
D’une manière générale, les partenaires définis par la loi estiment plus positives qu’à l’inverse les relations avec les institutions compétentes en matière de mise en œuvre. Ce constat est imputable au fait qu'elles disposent le plus souvent de plus d’informations. Seule la relation entre les OrTra et la Confédération s’avère moins satisfaisante du point de vue des participants. C’est à ce niveau que les besoins se font le plus sentir quant à l'amélioration des relations de coopération.
1 - En font partie, selon le SEFRI, les aspects suivants : vérification et adaptation des organes de partenariat du point de vue de leur nécessité et de leur efficacité (commissions, réseaux, groupes etc.); renforcement du partenariat sous l'impulsion des nouvelles technologies ; simplification des flux financiers et amélioration des structures d'incitations ; garantie de la sécurité de financement (privé et public) ; amélioration de la connaissance du système chez les acteurs de la formation professionnelle au niveau national ; amélioration de la coopération intercantonale dans l'optique d'une harmonisation ; renforcement de la présence partenariale dans les instances des autres secteurs de formation.
Retrouvez une version plus détaillée ici.
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