Le fléchissement de l’économie mondiale affecte la conjoncture suisse
- KOF Bulletin
- KOF Prévisions conjoncturelles
Les signaux émis par l’économie suisse se sont récemment dégradés. Le contexte international a aussi évolué. Les prévisions relatives à l’économie mondiale sont aujourd’hui moins favorables. Le fléchissement de la conjoncture internationale et l’appréciation actuelle du franc suisse ne resteront pas sans conséquences. Le KOF révise donc à la baisse ses prévisions de croissance économique de cette année et de l’année prochaine.
Le produit intérieur brut (PIB) se développera un peu plus faiblement que ne le suggéraient encore les données du printemps. Le fléchissement de la conjoncture internationale et la publication des résultats économiques pour le premier semestre 2019 incitent le KOF à abaisser ses prévisions de croissance économique pour 2019 de 1,6% à 0,9% (sans événements sportifs: 1,4%). Les prévisions pour l’année 2020 sont également révisées à la baisse, de 2,3% à 1,9% (sans événements sportifs: 1,5%). En ce qui concerne l’année 2021, le KOF prévoit une croissance de 1,5% (sans événements sportifs: 1,8%).
Le contexte international de l’économie suisse s’est encore détérioré au cours des derniers mois. La conjoncture s’est affaiblie dans la zone euro au deuxième trimestre 2019 et le commerce international a subi une réduction notable – après deux trimestres déjà négatifs. La querelle commerciale entre les États-Unis et la Chine dégénère à vue d’œil. Des mesures protectionnistes supplémentaires contre l’Union européenne adoptée par les États-Unis pourraient être bientôt réalité. En particulier le risque d’une imposition de taxes douanières sur les voitures demeure élevé.
La Suisse ne serait certes qu’indirectement concernée, mais les fournisseurs de pièces détachées pour la construction automobile en particulier pourraient en subir de graves conséquences. D’autres récessions chez des partenaires commerciaux de la Suisse affecteraient la plupart des protagonistes de l’économie d’exportation.
Recul en prévision dans divers secteurs industriels
La persistance d’une forte incertitude, un développement économique international laborieux et l’appréciation du franc suisse exerceront une influence négative sur de vastes secteurs de l’économie suisse. Ainsi, par exemple, la construction mécanique, l’industrie électrique et la métallurgie devront se préparer à de nouveaux reculs. Leur carnet de commandes est peu garni depuis longtemps. Pour le secteur du tourisme également – un secteur traditionnellement réactif à l’évolution des taux de change –, l’appréciation du franc suisse constituera une contrainte.
L’industrie pharmaceutique, qui assure la plus forte contribution aux exportations suisses, est en grande partie traditionnellement à l’abri des fluctuations conjoncturelles. Elle devra toutefois temporairement accuser des réductions de marges, car les prix de vente des médicaments sont fixés par l’État dans de nombreux pays. Des adaptations de prix à court terme en guise de réaction à l’appréciation du franc ne sont donc pas possibles.
Lente hausse du taux de chômage prévue
En raison de l’affaiblissement du développement économique, l’emploi progressera plus lentement, ce qui se répercutera sur le chômage. Au lieu d’un nouveau recul, le KOF prévoit une hausse modérée du taux de chômage.
L’évolution des salaires reste également modérée. Des accords salariaux en légère hausse par rapport aux dernières années sont toutefois à prévoir. Comme le taux d’inflation restera très bas, il en résultera des accroissements modestes mais positifs du salaire réel (cf. T 1).
Lente réduction de la construction de logements
Au cours des dernières années, le secteur du bâtiment a constitué un stabilisateur essentiel. Il continuera à jouer ce rôle, mais dans une mesure moindre. Les travaux publics et la construction économique afficheront certes encore un bon développement, mais le KOF se montre plutôt sceptique dans ses prévisions en ce qui concerne la construction de logements. Depuis quelques années, le nombre de nouveaux logements excède l’accroissement du nombre de foyers. En dépit de taux hypothécaires extrêmement bas, le KOF prévoit un léger recul de la production dans ce segment.
La situation semble un peu meilleure dans le commerce. Certes, la vigueur du franc suisse pourrait stimuler le tourisme d’achat, mais une forte hausse n’est pas à prévoir. L’incertitude concernant l’évolution de la production de pétrole au Proche-Orient ainsi que les conflits commerciaux internationaux génèrent de fortes fluctuations du prix des matières premières. L’industrie de transformation en est affectée.
Nouvelles baisses imminentes des taux d’intérêt
Afin d’atténuer de nouveaux affaiblissements de l’activité économique, les banques centrales européenne et américaine ont assoupli leur politique monétaire. En général, ces développements stimulent la demande en placements sûrs, dont le franc suisse fait traditionnellement partie. Dans ce contexte, la légère appréciation récente du franc ne surprend guère.
La Banque nationale suisse (BNS) a augmenté ses réserves de devises durant l’été. Par ailleurs, elle a récemment procédé à une hausse notable des montants exonérés pour les avoirs en comptes de virements qu’elle détient. Cette dernière mesure lui permettrait d’abaisser à nouveau les taux négatifs, sans que la contrainte des instituts financiers ayant des dépôts à la BNS augmente par rapport aux années précédentes. Le KOF prévoit que la pression à l’appréciation du franc persistera – notamment parce qu’une autre légère correction des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne est à prévoir. La BNS abaissera donc ses taux d’ici la fin de l’année.
Risques liés aux prévisions
Pour la Suisse, les plus grands risques économiques demeurent à l’étranger. Un éventuel durcissement des conflits commerciaux ou toute autre turbulence pourrait provoquer une nouvelle appréciation du franc, peu souhaitée par l’économie d’exportation. En ce qui concerne la sortie de l’UE du Royaume-Uni, le KOF mise sur un ajournement jusqu’à au moins fin janvier 2020. Si, contrairement à cette hypothèse, un Brexit sans accord devait intervenir d’ici le 31 octobre 2019, les distorsions qui en résulteraient pour l’économie européenne et l’économie suisse provoqueraient davantage de dommages que ne le supposent les présentes prévisions.
Retrouvez la version détaillée (en Allemand) Download ici.
Contact
KOF FB Konjunktur
Leonhardstrasse 21
8092
Zürich
Switzerland