Crise Covid-19: Enquête sur les conséquences financières et psychologiques pour les indépendants

Les travailleurs indépendants qui ont dû fermer leur entreprise, en particulier, font état d'une baisse importante de leurs revenus et craignent pour leur survie économique.

La crise du coronavirus et le confinement ont eu un impact significatif sur la situation opérationnelle, personnelle et psychologique des travailleurs indépendants et des propriétaires d'entreprises en Suisse. C'est ce qui ressort des enquêtes menées par la Faculté des HEC de l'Université de Lausanne dans le cadre d’Enterprise for Society (E4S) et l’Institut KOF de l'ETH Zurich.

Un millier d’indépendant·e·s, de membres de professions libérales et de propriétaires d’entreprises ont participé à l'enquête au début du mois de mars et à la mi-avril. Les résultats montrent que les pertes de ventes des indépendant·e·s en avril ont été énormes. C’est dans l’industrie hôtelière et touristique que les pertes ont été les plus élevées – 100% en moyenne. Les restaurants et les bars (médiane: -96%), les coiffeurs et l’industrie des cosmétiques (-90%) et le secteur de l’art et de la culture (-70%) ont également enregistré d’importantes pertes de ventes.

Le coussin financier permettant d’amortir la crise est faible pour de nombreux indépendants. Plus de la moitié des entreprises ont enregistré une forte ou très forte diminution de leurs liquidités ou de leur marge de manœuvre financière. Pour de nombreux travailleurs indépendants, la perte de chiffre d’affaires en avril s’est élevée à plus de la moitié du total des actifs financiers privés. Néanmoins, il semble que dans l’ensemble, relativement peu de travailleurs indépendants aient contracté des dettes supplémentaires en raison de la crise.

Une détérioration marquée de la situation psychologique

Cette situation opérationnelle difficile a des conséquences sur la situation personnelle et psychologique des répondants. Environ 50% d'entre eux déclarent un revenu familial diminué. Parmi les travailleurs indépendants qui ont dû fermer complètement leur entreprise pendant la période de confinement, cette baisse est d'environ 75%.

La situation psychologique de ces derniers s'est également nettement détériorée pendant le confinement. 13% des personnes interrogées ont déclaré être inquiètes pour leur existence économique au début du mois de mars. Au moment de l'enquête, 52% des personnes interrogées ressentaient de telles craintes. La proportion de personnes d'humeur dépressive est passée dans ce groupe de 10 à 26%, les tensions dans le couple de 11 à 24 %. Cependant, la proportion de ceux qui ont demandé une aide psychologique ou psychiatrique est restée stable.

La réouverture est apparemment arrivée au bon moment

Environ la moitié des personnes interrogées qui dirigent un salon de coiffure ou de beauté ont déclaré à la mi-avril qu'elles pourraient faire face à l'arrêt des activités pendant encore un mois au maximum. Les exploitants de bars et de restaurants ont également pour la plupart répondu qu'ils ne seraient pas en mesure de faire face à la fermeture beaucoup plus longtemps. Si nous prenons ces déclarations au mot, la réouverture pour ces secteurs le 27 avril et le 11 mai respectivement arrive à point nommé.

Suite à la crise du coronavirus, la Confédération a pris des mesures pour amortir les conséquences économiques pour les entreprises et les indépendants. Malgré toutes les difficultés, les travailleurs indépendants semblent remarquablement satisfaits de ces mesures. 54% considèrent que les mesures prises par le gouvernement fédéral sont "exactement appropriées". Toutefois, tous secteurs confondus, 29% des personnes interrogées estiment que les mesures sont peu ou pas du tout suffisantes. Parmi les personnes interrogées qui ont dû fermer leur entreprise, cette proportion est de 38%. En outre, il existe également des différences régionales qui correspondent aux régions les plus touchées par la pandémie. Ainsi 42% des indépendants tessinois estiment que les mesures prises sont plutôt ou clairement insuffisantes.