La crise énergétique continue de peser sur l'économie
Selon les prévisions conjoncturelles du KOF, le produit intérieur brut (PIB) suisse corrigé de l'impact du sport augmentera de 2,1% en termes réels cette année. En raison du ralentissement conjoncturel mondial, il n'augmentera que de 1% l'année prochaine. Le KOF a peu modifié son image conjoncturelle et n'a guère révisé ses prévisions par rapport à celles de l’automne. Le risque d'une pénurie d'énergie, laquelle entrainerait un effondrement conjoncturel, a toutefois diminué depuis l'automne.
La crise énergétique, la hausse généralisée de l'inflation et la fin des effets de rattrapage après la crise du COVID-19 ont entrainé les indicateurs conjoncturels internationaux à la baisse depuis déjà un certain temps. Pour cet hiver ou le premier semestre 2023, il faut s'attendre à une baisse de la production économique globale dans certains pays. L'économie suisse ne pourra pas complètement échapper à ce phénomène. Elle devrait toutefois éviter une récession en raison de sa capacité de résistance relativement élevée, le niveau de production devrait néanmoins stagner. Selon les prévisions du KOF, le PIB réel suisse augmentera en moyenne de 2,1% cette année (corrigé des grands événements sportifs), de 1% seulement en 2023 en raison de la stagnation mentionnée au premier semestre et de 1,7% à nouveau en 2024.
L'inflation va de nouveau baisser
Le renchérissement en Suisse a récemment de nouveau légèrement baissé en raison d'un recul des prix du pétrole. Certes, avec environ 3%, il est nettement inférieur au renchérissement dans d'autres pays européens, mais nettement supérieur à l'objectif d'inflation de la Banque nationale suisse (BNS). Au premier trimestre 2023, les prix réglementés de l'énergie seront relevés, ce qui entraînera une nouvelle pression inflationniste. La disparition des effets de base entraînera ensuite une baisse de l'inflation au cours de l'année 2023. Le KOF prévoit pour 2022 une hausse des prix à la consommation de 2,9%, pour 2023 de 2,3% et pour 2024 de 1,1%.
Pas de hausse sensible du chômage - les salaires réels baissent cette année
En raison de l'affaiblissement de la conjoncture, le boom du marché du travail s'affaiblira à la fin de l'année et la création d'emplois s'aplatira. Cette dynamique de l'emploi plus faible a pour conséquence que le chômage ne continuera pas à baisser. Toutefois, le KOF ne s'attend pas non plus à une hausse sensible du chômage. Le taux de chômage selon le mode de calcul de l'Organisation internationale du travail (OIT) devrait s'élever à 4,2% cette année. Pour les années 2023 et 2024, le KOF prévoit respectivement 4,1% et 4,3%.
Les salaires réels devraient baisser de 1,3% en 2022, car les partenaires sociaux n'ont pas pu intégrer les hausses inflationnistes inattendues dans leurs négociations salariales. Compte tenu de l'inflation toujours élevée, les accords salariaux de l'année prochaine devraient être plus élevés que précédemment. De plus, la bonne situation du marché du travail, malgré une phase de faiblesse conjoncturelle, fait que les augmentations de salaires compensent les pertes de pouvoir d'achat dues à l'inflation, avec une hausse prévue des salaires réels de 0,1% en 2023 et de 0,6% en 2024.
Climat de consommation en berne - les effets de rattrapage liés au COVID-19 soutiennent néanmoins la situation
Le climat de consommation calculé par le SECO a atteint en octobre un nouveau niveau historiquement bas. Néanmoins, la consommation privée augmentera fortement en 2022, avec une prévision de 4,1%, grâce notamment à des effets statistiques excédentaires de l'année précédente et à des effets de rattrapage après la pandémie de COVID-19 au cours du premier semestre 2022. Courant 2023, la croissance de la consommation devrait être inférieure à la moyenne en raison d’une baisse du revenu réel disponible. La bonne situation du marché du travail et les effets de rattrapage soutenus liés à la pandémie de COVID-19 empêchent toutefois une stagnation. Pour l'ensemble de l'année 2023, le KOF prévoit une augmentation de la consommation privée de 2%.
Les exportations devraient redémarrer au second semestre 2023
En raison de la faiblesse de la conjoncture internationale, les exportations devraient peu évoluer au premier semestre 2023. Il en va de même pour les importations. Les exportations devraient reprendre de la vigueur au second semestre 2023 grâce à une reprise prévue en Europe. Pour l'ensemble de l'année 2023, le KOF prévoit une augmentation des exportations de 2,1%, contre 4,7% cette année. Pour l'année 2024, les exportations devraient croître de 5,3%.
Le risque de pénurie d'énergie a diminué
Le risque de crise énergétique en Suisse et ailleurs en Europe a récemment diminué. Cela s'explique par la baisse de la consommation d'énergie due au ralentissement économique, mais aussi par les températures douces de l'automne, les pluies abondantes et la poursuite probable des efforts d’économie d'énergie ainsi que de se tourner vers des produits énergétiques moins rares.
Outre le risque de crise énergétique, les risques baissiers habituels sont toujours présents. Par exemple, les banques centrales pourraient être contraintes de freiner fortement si l'inflation s'avérait plus tenace que prévu. De même, la crise du COVID-19 pourrait revenir si un nouveau variant plus dangereux et contre lequel les vaccins ne protègent pas, devait apparaitre. Les conflits géopolitiques concernant l'Ukraine et Taïwan pourraient continuer à s'envenimer, même si la Chine et les États-Unis semblent avoir récemment retrouvé une certaine entente. Et compte tenu de l'augmentation rapide des dépenses publiques, une nouvelle crise de la dette en Europe se profile à l’horizon. On retrouve également des risques de hausse : la Chine pourrait connaître une reprise économique après son récent abandon de la politique « zéro COVID », ce qui aurait également un effet positif sur la conjoncture mondiale. En outre, ce changement de politique réduit les problèmes d'approvisionnement internationaux. Les prix de l'énergie et l'inflation globale pourraient également baisser plus rapidement que prévu, ce qui réduirait les coûts de production et permettrait des réductions de taux d'intérêt.
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