Nombre d’entreprises veulent plus investir et les projets environnementaux passent à la trappe

L'enquête semestrielle du KOF sur les investissements révèle de grandes disparités entre les différentes branches dans les prévisions d'investissement des entreprises suisses. Les prévisions d'investissement ne sont confiantes que dans le secteur des services, elles stagnent dans l'industrie et sont même en recul dans la construction. Ce recul va de pair avec des objectifs d'investissement moins risqués et une moindre focalisation sur les mesures de protection de l'environnement.


(photoschmidt2019)

Les entreprises suisses veulent investir davantage cette année que l'année dernière. C'est ce que révèlent les résultats de l'enquête du KOF sur les investissements du printemps 2024. Selon cette enquête, les participants à l'enquête s'attendent à une augmentation des investissements en immobilisations de 8 % en valeur nominale pour 2024. Cela correspond à une augmentation des investissements légèrement inférieure à la moyenne par rapport à la croissance attendue au printemps pour l'année en cours. Par rapport à l'enquête précédente réalisée à l'automne 2023, les attentes des entreprises pour l'année 2024 n'ont pas changé.

Même si les prévisions d'investissement pour l'ensemble de l'économie sont ainsi confiantes et même légèrement supérieures à la croissance de 7% de l'année précédente, de grandes disparités apparaissent entre les branches. Les prévisions d'investissement positives sont surtout dues au secteur des services, où les entreprises s'attendent à une croissance nominale de 12%. Les entreprises des secteurs des transports (+28%) et des assurances (+14%), en particulier, prévoient une forte augmentation des investissements en 2024 par rapport à l'année précédente. Dans les autres branches, les prévisions sont en revanche nettement plus réservées. L'industrie manufacturière s'attend à une stagnation de la croissance des investissements pour l'année en cours. Les entreprises du secteur de la construction prévoient même de réduire leurs investissements de 4%.

Les investissements en équipement sont en baisse dans l'industrie et la construction

Les dépenses d'investissement prévues devraient être davantage consacrées à la construction et à la transformation de bâtiments d'exploitation et commerciaux. Les entreprises prévoient une augmentation nominale de 10% des investissements dans la construction, après une hausse de 11% l'année dernière. Les investissements en biens d'équipement devraient augmenter de 7% cette année. Toutefois, seul le secteur des services s'attend à une croissance des investissements (+10%). Dans l'industrie (-2%) et la construction (-4%), les investissements en équipement devraient diminuer en 2024.

L'année prochaine, la croissance des investissements devrait encore ralentir (voir graphique G 4). Cela vaut pour toutes les catégories d'investissement. Alors que pour l'année en cours, 39% des entreprises s'attendent encore à une augmentation de leurs investissements en biens d'équipement par rapport à l'année précédente, elles ne sont plus que 23% pour l'année prochaine. De même, la part des entreprises dont les investissements dans la construction devraient augmenter passe de 40% cette année à 26% l'année prochaine.

Enlarged view: G 4 : Prévisions d'investissement en comparaison avec l'année précédente
G 4 : Prévisions d'investissement en comparaison avec l'année précédente

Augmentation de l'incertitude : un frein aux investissements

La certitude des entreprises de pouvoir réaliser leurs plans d'investissement durant l'année en cours a diminué en solde par rapport à l'évaluation de l'année précédente (voir graphique G 5). Au printemps 2024, environ 85% des entreprises ont jugé leurs plans d'investissement pour 2024 comme étant sûrs ou très sûrs (contre 90% au printemps 2023). A l'inverse, la proportion d'entreprises estimant leurs plans d'investissement incertains ou très incertains est passée de 10% au printemps 2023 à 15% au printemps 2024. L'incertitude qui freine les investissements a donc globalement augmenté et reste, en solde, plus élevée qu'avant la pandémie.

Enlarged view: G 5 : Sécurité de la réalisation des investissements
G 5 : Sécurité de la réalisation des investissements

Cette incertitude s'accompagne d'une réticence qui se reflète également dans les intentions d'investissement des entreprises. Pour la plupart des entreprises (89%), les investissements servent toujours à remplacer des installations existantes. En revanche, l'importance des investissements visant à élargir la production ou la fourniture de prestations a nettement diminué. Cette année, 61% des entreprises veulent encore augmenter leurs capacités d'exploitation (contre 69% au printemps 2023). Parallèlement, les investissements de rationalisation ont légèrement gagné en importance : 36% des entreprises interrogées ont l'intention de procéder à de tels investissements cette année (contre 34% au printemps 2023). Ces intentions reflètent toutes des tendances vers des investissements à faible risque qui n'augmentent pas la taille de l'entreprise et ne conduisent pas à une augmentation de l'immobilisation des capitaux.

Moins d'entreprises prévoient d'investir pour le climat

En outre, pour la première fois depuis le début de la série chronologique en 2015, les investissements pour la protection de l'environnement ou le respect des obligations légales en matière industrielle ont perdu de leur importance. Tant pour l'année en cours que pour l'année à venir, environ 42% des entreprises prévoient encore de tels investissements. Au printemps 2023, cette proportion était encore de 54%. Les entreprises estiment que l'urgence immédiate d'investir dans le climat pour faire face aux risques est moindre. Au total, 24% des entreprises estiment être exposées à des risques physiques importants liés au changement climatique. Au printemps 2023, 29% des entreprises estimaient encore que l'influence du changement climatique et des événements météorologiques qui pourraient y être liés était importante.

En conséquence, le pourcentage d'entreprises qui ne prévoient pas d'investir dans les trois prochaines années pour faire face aux effets des événements climatiques et réduire les émissions de CO2 a augmenté de près d'un tiers, passant de 22% l'année dernière à 29% cette année. Néanmoins, les entreprises se voient de plus en plus exposées à des risques de transition. Avec 30%, une proportion croissante d'entreprises considère la transition vers des normes et réglementations climatiques plus strictes au cours des cinq prochaines années comme un risque plutôt que comme une opportunité. Au printemps 2023, cette proportion était encore de 24%. L'influence des mesures d'adaptation sur la demande du marché est notamment jugée moins positive.

À propos de cette enquête :  

L'évolution conjoncturelle est fortement influencée par l'activité d'investissement des entreprises. C'est la raison pour laquelle le KOF réalise chaque printemps et automne une enquête auprès des entreprises suisses.

L'enquête du printemps 2024 a été réalisée du 19 février au 19 mai 2024. Dans le cadre de cette enquête, 5'546 entreprises ont été contactées et 2'478 ont répondu, ce qui correspond à un taux de réponse de 45%.

Contact

Pascal Seiler
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KOF FB Konjunkturumfragen
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